samedi 29 mars 2014

Construire l’histoire selon le projet divin



Par l’oraison régulière, nous devenons qui nous sommes réellement.

Les nombreuses sollicitations quotidiennes –surtout pour les femmes élevant seules leurs enfants et travaillant à l’extérieur – nous font vivre dans l’urgence, à la superficie de nous-mêmes, sans nous connaître vraiment. Dans une telle vie, l’oraison est comme un puits d’eau vive, elle nous donne accès à nos aspirations les plus profondes, celles qui unifient tout notre être. Nous expérimentons que nous recevons de notre Père notre pleine vérité et notre beauté intérieure. Nous devenons ce petit (Mt 18,3-4), heureux d’être pardonné et aimé, et de rester toujours en relation avec un tel Père. 
Cet amour gratuit, inconditionnel, qui nous est donné à chaque instant, en même temps que « la vie, le mouvement et l’être »( Ac 17,25) nous ouvre à la joie imprenable (Jn 16,22). Une telle qualité de joie, de bonheur profond et durable nous rend forts dans l’adversité et comblés jusque dans la solitude, car il n’est jamais seul celui qui a choisi Dieu pour compagnon.
La vie d’oraison nous permet de bâtir notre vie sur du solide. Souvenons-nous de ce mot de Jésus à ses disciples : " Je ne vous appelle plus serviteurs mais amis, car tout ce que j’ai su de mon Père, je vous l’ai fait connaître"(Jn 15,15; 14,14-17). Par Lui, nous sommes peu à peu éclairés sur nous-mêmes et sur le dessein de Dieu sur l’humanité.
L’Esprit Saint nous fait découvrir les signes des temps. « Dans l’union à Dieu, l’âme prie avec le Christ dans la lumière qui lui est donnée (…). Cette lumière lui est donnée sur son temps. Elle découvre l’Eglise éternelle et l’Eglise de son temps… » (P. Marie-Eugène de l'Enfant Jésus, "l'pôtre parfait", p.353)
La vie d’oraison nous ouvre à tous les dons de l’Esprit Saint. Ce sont, tout spécialement, le don de science (ou de connaissance) et le don de conseil qui, venant se greffer sur nos facultés cognitives, permettent le discernement des esprits –cher à St Ignace de Loyola, aux jésuites et familles ignatiennes… et à notre Pape François !
Par ce type de vie (dite contemplative) d’écoute intérieure de la Parole de Dieu sous le rayonnement de l’Esprit, nos frères orthodoxes disent que nous devenons théologiens. Ils appellent « théologien » celui qui a une connaissance expérimentale de Dieu découlant de sa vie de prière et  de relation vivante et constante à Dieu.
L’oraison enfin nous permet d’intercéder efficacement pour le monde. « Croyez qu’un regard, un désir devient une prière puissante à laquelle le Père ne peut résister » écrivait la Bienheureuse Elisabeth de la Trinité à sa sœur. St Vincent de Paul, dont la puissance de réalisation étonnait, disait : « Dieu n’accorde rien, non rien, pas même une œuvre utile pour le Royaume, sans oraison ».

Terminons par cet extrait d’un discours de Jean-Paul II du 8 septembre 2002 :
« C’est dans la prière faite avec foi que réside le secret pour affronter les fatigues et les problèmes personnels et sociaux. Qui prie ne se décourage pas, même devant les difficultés les plus graves, parce qu’il sent Dieu à ses côtés et il trouve refuge, sérénité et paix dans ses bras paternels. S’ouvrant ensuite à Dieu avec fidélité, on s’ouvre avec plus de générosité au prochain ; On devient capable de construire l’histoire selon le projet divin…
Lorsque les croyants prient, ils font une brèche dans le cœur de Dieu à qui rien n’est impossible »

Sr Anne-Marie

lundi 3 mars 2014

"Le monde est en feu: oraison, oraison !"




« Le monde est en feu : oraison, oraison, mes sœurs ! ». Ainsi, Sainte Thérèse de Jésus appelait-elle ses sœurs à prier, d’urgence, pour ce monde « en feu ». Ainsi nous appelle-t-elle encore plus aujourd’hui. Et avec elle Saint Vincent de Paul qui disait : « Dieu n’accorde rien – pas même la naissance d’une œuvre bonne – sans oraison ».

L’oraison est non seulement puissante sur le cœur de Dieu en faveur des hommes, mais elle est aussi un acte de charité à l’égard de Dieu Lui-même. Souvenons-nous que Jésus s’est plaint à sainte Marguerite-Marie de l’ingratitude des hommes.

Car Dieu ne cesse de chercher l’homme (Adam « où es-tu ? », « Où est… Abel ? »… Gn 3 et 4). Il connaît notre beauté originelle (d’avant le péché), Lui qui nous aimait « dès avant la fondation du monde » (Ep 1,4) et Il sait pour quelle éternité de gloire Il nous a créés. Il voit à quel point cette beauté a été voilée, obscurcie, voire défigurée par le péché originel et nos propres péchés. Et, pris de pitié pour nous, Il ne peut s’y résoudre. Il veut nous rendre cette splendeur originelle que nous avons perdue et, plus encore, nous transfigurer en étant en nous la beauté absolue.



C’est pourquoi Dieu, notre Père, nous cherche. Il veut nous offrir les fruits de la Passion victorieuse de son Fils. Et c’est dans la vie d’oraison –prolongeant la vie sacramentelle- que nous les accueillons.
Dieu se tient à la porte et Il frappe (Ap 3,20). L’oraison, c’est lui ouvrir la porte et souper avec Lui, face à face, cœur à Cœur.
L’oraison, c’est aller à sa rencontre, ne pas le laisser seul faire tout le chemin vers nous.
L’oraison, c’est une aventure. La plus belle aventure qui puisse nous arriver ; Toutes les autres en découleront.

« Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive… de son sein couleront des fleuves d’eau vive » (Jn 7,37-38)

Sr Anne-Marie