lundi 14 décembre 2020

Le temps de l'Avent: quel beau mystère !


Quelques paroissiens ont été sollicités par un prêtre de notre paroisse pour évoquer en quelques mots ce que représentait le temps de l'Avent pour eux ... Voici ma petite contribution...


 Et pour compléter, je voudrais rajouter quelques citations à méditer:

""Notre Père qui est au Cieux"... C'est dans ce petit ciel qu'il s'est fait au centre de notre âme que nous devons le chercher et surtout que nous devons demeurer"
"Il me semble que l'attitude de la Vierge durant les mois qui s'écoulèrent entre l'Annonciation et la Nativité est le modèle des âmes intérieures, des êtres que Dieu a choisis pour vivre au-dedans, au fond de l'abîme sans fond. Dans quelle paix, dans quel recueillement Marie se rendait et se prêtait à toutes choses! Comme celles qui étaient les plus banales étaient divinisées par elle! Car à travers tout la Vierge restait l'adorante du don de Dieu! Cela ne l'empêchait pas de se dépenser au-dehors lorsqu'il s'agissait d'exercer la charité; l'Evangile nous dit que Marie parcourut en toute diligence les montagnes de Judée pour se rendre chez sa cousine Elisabeth. Jamais la vision ineffable qu'elle contemplait en elle-même ne diminua sa charité extérieure"
"L'âme qui aime demeure en Dieu, et Dieu demeure en elle. Ainsi, grâce à l'amour et par l'amour, la créature devient le repos de Dieu, et Dieu le repos de la créature"
Ste Elisabeth de la Trinité

 « Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit » Jn 15

"Le grand secret de nos fécondité c'est d'apprendre ... à laisser Dieu agir"
Père Jacques Philippe



dimanche 8 mars 2020

Seigneur, purifie notre regard, avec le collyre de la foi et de l’adoration


2ème dimanche de carême


Chers amis,

Je lisais l’autre jour un article sur les « 7 fléaux qui frappent le monde en même temps » (il y était question évidemment du coronavirus mais aussi des invasions historiques et dévastatrices des sauterelles en Afrique, du feu puis des inondations en Australie, la résurgence de pandémies animales majeures etc). Ce qui est étonnant c’est que le site dont il était question n’avait rien de chrétien (ni d’ésotérico-apocalyptique !). Or comment ne pas penser, quand on entend parler de « 7 fléaux », au livre de l’Apocalypse, chapitre 15,6 ? « Au ciel s’ouvrit le Temple, la Tente du Témoignage, d’où sortirent les 7 Anges aux 7 fléaux… » pour châtier la terre entière et ses habitants dévoyés. Certes, si on reste scotché sur nos écrans ou à l’écoute continuelle de la radio pour guetter avec curiosité malsaine ou crainte les derniers morts, on risque fort de ne voir que… la mort précisément.
Est-ce que c’est ce que nous demande le Seigneur en ce temps béni du carême ? Ne veut-il pas plutôt nous inviter à une conversion du regard, une purification de l’œil de notre cœur ? « Puisque te voilà tiède, ni chaud ni froid, je vais te vomir de ma bouche. Tu t’imagines : me voilà riche, (…) je n’ai besoin de rien ; mais tu ne le vois donc pas : c’est toi qui es malheureux, pitoyable, pauvre, aveugle et nu ! Aussi suis donc mon conseil : achète chez moi (…) un collyre pour t’en oindre les yeux et recouvrer la vue. Ceux que j’aime je les semonce et les corrige » (Ap 3,16-19).
Et cette bienheureuse et salutaire purification de l’œil nous permettra peut-être de voir que si le ciel s’est ouvert pour laisser sortir les 7 Anges des 7 fléaux, il s’est déjà ouvert auparavant pour laisser apparaître la Reine des Anges, la Vierge, qui combat le dragon rouge : « Alors s’ouvrit le Temple de Dieu, dans la ciel, et son arche d’alliance apparut, dans la temple…. Un signe grandiose : Une Femme ! Le soleil l’enveloppe et la lune est sous ses pieds et 12 étoiles couronnent sa tête » (Ap 11,19-12,1).
Du même Temple de Dieu sortent donc la consolation, la libération ou les fléaux comme châtiment,  autrement dit les deux faces de la miséricorde de Dieu qui veut consoler et encourager les bons et ramener à la vie ceux qui font le mal et qui risquent la mort éternelle (car Dieu ne veut pas la mort de quiconque mais que « tous les hommes soient sauvés » 1 Tim 2,4). Le collyre dont nos yeux ont besoin c’est une guérison de notre perception : que nous ne soyons pas borgnes en ne voyant qu’un aspect de la réalité. Il nous faut entrer dans une juste connaissance de soi et reconnaître humblement notre nudité et notre pauvreté (nous sommes incapables de tout bien par nos seules forces et nous méritons certainement une juste admonition paternelle : « Allons ! Un peu d’ardeur, et repens-toi ! » Ap 3,19)) et en même temps, le salut est toujours proposé, tout ce qui arrive est en vue d’un bien supérieur sinon le Seigneur ne le permettrait pas : « Ne crains point, petit troupeau; car votre Père a trouvé bon de vous donner le royaume » (Lc 12,32).
Souvenons-nous aussi des apparitions à Fatima et notamment celle du 13 juillet 1917 : Lucie raconte ce qu’ils ont vu : « nous avons vu sur le côté gauche de Notre Dame, un peu plus en hauteur, un Ange avec une épée de feu dans la main gauche ; elle scintillait et émettait des flammes qui, semblait-il, devaient incendier le monde; mais elles s’éteignaient au contact de la splendeur qui émanait de la main droite de Notre Dame en direction de lui ; l’Ange, indiquant la terre avec sa main droite, dit d’une voix forte : « Pénitence ! Pénitence! Pénitence ! » ». La Femme revêtue du soleil a une si grande puissance qu’elle peut éteindre les flammes de l’épée de feu de l’Ange… et donc aussi éteindre les fléaux confiés aux 7 Anges de l’Apocalypse…. Elle peut le faire mais elle a besoin de notre prière et de notre pénitence. Nous pourrions nous laisser aller à une sorte de fatalisme et de désespérance en nous laissant hypnotiser par le grand spectacle du mal, mais cela aussi est une ruse du démon pour nous paralyser dans le combat spirituel. Or non seulement nous ne sommes pas impuissants puisque la pénitence peut obtenir l’arrêt des fléaux mais en plus nous savons l’issue de ce combat spirituel : « A la fin, mon Cœur Immaculé triomphera ! » a promis la Vierge. Les enfants de Fatima, habités par cette espérance, n’en aidaient pas moins la Vierge en redisant prosternés à terre les paroles suggérées par l’ange : « Mon Dieu, je crois, j'adore, j'espère et je Vous aime. Je Vous demande pardon pour ceux qui ne croient pas, n'adorent pas, n'espèrent pas et ne Vous aiment pas. »
Il me semble donc que la part qui nous est demandée, en ce temps du Carême, c’est de tourner notre regard vers le Seigneur précisément, de prendre du temps pour le regarder Lui plutôt que les nouvelles du monde et, dans ce regard sur Lui, nos yeux seront guéris de la cataracte de la peur et de l’incrédulité. L’exemple de Pierre rejoignant Jésus sur les eaux du lac déchainé est un enseignement pour nous : la tempête fait rage, les flots se soulèvent, le vent menace la barque et la vie des apôtres mais Pierre dit au Maître : « « Si c’est bien toi, ordonne-moi de venir à toi sur les eaux » « Viens », dit Jésus. Et Pierre, descendant de la barque, se mit à marcher sur les eaux et vint vers Jésus. Mais voyant le vent, il prit peur et, commençant à couler, il s’écria « Seigneur sauve-moi ! » Aussitôt Jésus tendit la main et le saisit, en lui disant : « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? » »(Mt 14,28-31). Là aussi, Pierre est devenu borgne : au lieu de regarder le Seigneur, il a vu le vent, il n’a plus regardé que le mal et le danger et ainsi : « il prit peur et commença à couler ». Dès que nous devenons borgnes, dès que nous ne regardons plus le Seigneur (et cela suppose l’adoration, la méditation de sa Parole…), nous sommes pris par l’unique vision du mal et nous coulons… « Homme de peu de foi pourquoi as-tu douté ? » nous dit Jésus. Nous retrouvons la même problématique après la résurrection : les pèlerins d’Emmaüs n’ont vu que la mort de Jésus et ils restent dans leur détresse, le «visage sombre ». Alors Jésus, voilé à leurs yeux incrédules, les enseigne : « O cœurs sans intelligence, lents à croire à tout ce qu’ont annoncé les Prophètes ! Ne fallait-il pas que le Christ endurât ces souffrances pour entrer dans sa gloire ? ». Mais c’est seulement à la fraction du pain eucharistique que « leurs yeux s’ouvrirent et ils le reconnurent » (Lc 24,31) car alors, ayant lavé leurs yeux incrédules avec le collyre de la foi, ils virent la gloire du crucifié et, remplis de joie, ils retournèrent à Jérusalem annoncer la résurrection du Seigneur.

En ce temps béni du Carême, purifie notre regard, Seigneur, avec le collyre de la foi et de l’adoration, donne nous de vaincre l’opacité des évènements. Alors nous t’apercevrons qui nous fais signe et nous pourrons te suivre, fidèles disciples, partout où tu iras.
Que Dieu vous donne un saint et bon Carême pour accueillir avec joie et exultation le don de la Vie du Ressuscité !

Sr Isabelle