mardi 24 mai 2016

"Annoncez l'Evangile à toutes les créatures" (Mc 16,15)




Homélie du Très Révérend Père Dom Jean Pateau,

Abbé de Notre-Dame de Fontgombault

Pour le fête de l'ascension 2014


Annoncez l'Évangile à toutes les créatures. (Mc 16,15)


" Chers Frères et Sœurs, Mes très chers Fils,

 La finale de l'Évangile de saint Marc, choisie par l'Église comme lecture pour la Messe de l'Ascension, rapporte l'envoi en mission des onze Apôtres.

Le séjour terrestre de Jésus touche à sa fin. La mission visible du Fils de Dieu incarné est arrivée à son terme. C'est au tour des Apôtres d'annoncer désormais la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ, l'Évangile, et de l'annoncer à toutes les créatures.


Pour les Apôtres s'ouvre une grande neuvaine qui se clôturera par l'effusion du Saint-Esprit au matin de la fête de la Pentecôte. Durant ces jours, les Apôtres ne devront pas s'éloigner de Jérusalem, mais attendre la visite du Paraclet, celui qui a été promis par le Père (cf. Ac 1,4). Il viendra illuminer et réchauffer des cœurs et des âmes encore bien tièdes. Jésus n'est pas sans savoir les limites de ceux à qui il confie l'évangélisation du monde. L'envoi en mission des Apôtres est précédé d'un reproche de Jésus visant ses disciples pour « leur incrédulité et la dureté de leur cœur, parce qu'ils n'avaient pas cru ceux qui l'avaient vu ressuscité. » (Mc 16,14)


 Les paroles de Jésus sont-elles encore actuelles ?


En ce jour, Jésus envoie encore en mission. Il nous envoie en mission.Tournons-nous vers le Père et demandons sur ceux qui sont devenus des chrétiens adultes, par l'onction de saint Chrême reçue lors du sacrement de Confirmation, une infusion renouvelée de l'Esprit-Saint et de ses dons, afin qu'à l'instar des Apôtres nous redevenions d'authentiques témoins du Christ.

 Une terre de mission s'offre à nous : " toutes créatures".

  Annoncer le Christ ce n'est pas emprisonner l'homme sous un carcan de préceptes mais le libérer de l'asservissement à ses passions. Il a fallu plus de trois siècles pour que les sociétés de l'Antiquité comprennent l'extraordinaire grâce qu'est la visite de Dieu pour l'homme.

 Aujourd'hui le même chemin doit être parcouru. Il commence par notre propre conversion. Sommes-nous convaincus que choisir le Christ, c'est faire le bon choix ? Avons-nous donc choisi réellement le Christ ? Croyons-nous enfin qu'annoncer le Christ, c'est servir son prochain ?

 Le monde actuel est un monde de dictatures : dictature d'un seul, dictature des plus puissants, dictature d'une majorité.

 Saint Thomas d'Aquin a donné un critère éminent de discernement politique : le bien commun. Les différents régimes de dictatures sont mauvais en tant qu'ils se proposent de promouvoir le bien d'une partie des membres du groupe. Un bon régime politique se doit de discerner et de promouvoir le bien commun de tous les membres du groupe.

 Il est difficile de discerner dans la vie politique actuelle une volonté de promotion du bien commun.

 Le but de la loi est plutôt d'encadrer un maximum de permissivité, offrant ainsi à chacun d'assouvir tranquillement ses passions, tout en recherchant un minimum de conséquence sur autrui ; ce qui permet d'éviter un trop grand nombre de mécontents. Une nouvelle humanité se construit laissant sur le bord de la route les êtres gênants ou encombrants : les enfants non désirés ou handicapés, les personnes âgées, les ratés de la société où prennent place tant de jeunes qui ne trouveront de réponse à leur misère que dans l'alcool, la drogue ou le suicide. La société, sûre de son bon droit, se bornera à constater le fait dans des statistiques sans âme, cachant derrière l'anonymat du chiffre ceux qui sont ses propres victimes et dont il ne faut pas parler.

 Alors que les sociétés délaissent l'homme, l'homme ne devrait-il pas délaisser ces sociétés et choisir à nouveau l'homme et son bien. Annoncez l'Évangile à toute créature ! Voilà la réponse du Christ.

 Les Apôtres auprès du Seigneur sont onze. C'est peu. Les disciples de Jésus représentaient quelques centaines de personnes tout au plus. Ce n'est pas beaucoup pour un Empire romain qui s'étend sur tout le bassin méditerranéen. Pourtant avec l'aide du Saint-Esprit, dans l'obéissance à l'ordre de mission reçu du Christ, les Apôtres entreprennent l'annonce de la Bonne Nouvelle qui sera accompagnée et confirmée par les signes accordés par le Seigneur.

 Le monde moderne n'est pas si différent de l'Empire romain décadent, tout particulièrement au plan de la morale et de la famille. Refuser tout repère authentique à l'enfant ou à l'adolescent a été, est, et sera l'arme de tous les dictateurs. En face de ceux-ci le chrétien doit être un contre-révolutionnaire en tant qu'il refuse de se laisser étourdir par le foisonnement artificiel des idées, mais qu'il les brise contre le Christ et contre la réalité, afin de voir de quel bois elles sont faites.

 Comment écouter encore les chantres du relativisme, qui accueillent avec émerveillement toute sottise dont le seul mérite est d'être en contradiction avec les usages hérités de tant de siècles de christianisme et ayant fait leur preuve, et qui condamnent au silence, avec la plus grande sévérité, ceux qui se font les apôtres de ce qu'on appelait encore hier la vérité ou les fondements de la société.

 Il n'y a plus de vérité, plus de certitude, disent-ils... Mensonge, il y a l'Évangile. « Annoncez l'Évangile à toutes les créatures » demande Jésus à ses disciples.

Les jeunes, les hommes et les femmes, toutes créatures ont un droit à la vérité. Ils ont le droit de connaître Dieu.

 Aurons-nous le courage de répondre à leur attente? Rejoignons en ces jours les Apôtres au Cénacle. Unissons-nous à leurs prières et demandons les uns pour les autres la grâce de l'Esprit-Saint. Jésus ne manquera pas de nous exaucer. Puisse-t- il ne pas avoir à reprocher un jour notre tiédeur et notre incrédulité.

 Que Marie, la femme qui a cru, accompagne ses enfants sur la route.

  Soyons apôtres, soyons les témoins courageux, jusqu'aux extrémités de la terre, de Celui en qui nous croyons.


Amen, Alleluia.""

mercredi 11 mai 2016

«La persécution est le pain quotidien de l’Église» Pape François

«La persécution est le pain quotidien de l’Église» : le Pape l’a répété lors de la messe du mardi 12 avril 2016, célébrée dans la chapelle de la Maison Sainte-Marthe.

Comme c’est arrivé à Étienne, le premier martyr, ou aux «petits martyrs» tués par Hérode, aussi aujourd’hui, a affirmé le Pape, de nombreux chrétiens sont tués pour leur foi en Christ, et d’autres sont persécutés idéologiquement, parce qu’ils veulent manifester la valeur du fait d’être enfants de Dieu.
Il existe des persécutions sanguinaires, comme le fait d’être dévorés par des fauves pour la joie du public dans les tribunes, ou pulvérisés par une bombe à la sortie de la messe. Et il y a «des persécutions en gants blancs, des persécutions culturelles, celles qui te confinent dans un recoin de la société, qui en viennent à te faire perdre ton travail si tu n’adhères pas aux lois qui vont contre Dieu Créateur», a affirmé le Saint-Père.
Martyrs de tous les jours
Le récit du martyre d’Étienne, décrit dans l’extrait des Actes des Apôtres proposé par la liturgie, pousse le Pape à des considérations nouvelles sur une réalité qui depuis 2000 ans fait partie de l’histoire de la foi chrétienne : la persécution.
«La persécution, je dirais, est le pain quotidien de l’Église. Jésus l’a dit. Nous, quand nous faisons un peu de tourisme à Rome et allons au Colisée, nous pensons que les martyrs étaient ceux qui étaient tués avec les lions. Mais les martyrs n’ont pas été seulement ceux-là. Ce sont des hommes et femmes de tous les jours : aujourd’hui, le jour de Pâques, il y a à peine trois semaines… Ces chrétiens qui fêtaient Pâques au Pakistan ont été martyrisés justement parce qu’ils fêtaient le Christ Ressuscité. Et ainsi l’histoire de l’Église avance avec ses martyrs.»
Des persécutions «éduquées»
Le martyre d’Étienne amorça une cruelle persécution antichrétienne à Jérusalem, analogue à celles subies par ceux qui aujourd’hui ne sont pas libres de professeur leur foi en Jésus. «Mais, a observé François, il y a une autre persécution dont on ne parle pas tellement», une persécution «travestie de culture, travestie de modernité, travestie de progrès».
«C’est une persécution, je dirais un peu ironiquement, "éduquée". C’est quand l’homme est persécuté non pas pour avoir confessé le nom du Christ, mais pour avoir voulu manifesté les valeurs du Fils de Dieu. C’est une persécution contre Dieu le Créateur, dans la personne de ses enfants ! Et ainsi nous voyons tous les jours que les puissances font des lois qui obligent à aller sur cette voie, et une nation qui ne suit pas ces lois modernes, ou au moins qui ne veut pas les avoir dans sa législation, en vient à être accusée, à être persécutée "poliment". C’est la persécution qui coupe à l’homme la liberté de l’objection de conscience», a martelé le Pape François
La grande apostasie
«Cela, c’est la persécution du monde» qui «coupe la liberté», alors que «Dieu nous fait libres» de donner le témoignage «du Père qui nous a créés, et du Christ qui nous a sauvés». Et cette persécution, a-t-il souligné, «a aussi un chef» :
«Le chef de la persécution polie, éduquée, Jésus l’a nommé : "le prince de ce monde". Et quand les puissances veulent imposer des attitudes, des lois contre la dignité des enfants de Dieu, ils persécutent ceux-ci et vont contre le Dieu Créateur, a répété le Souverain pontife. C’est la grande apostasie. Ainsi la vie des chrétiens avance avec ces deux persécutions. Mais le Seigneur nous a promis de ne pas s’éloigner de nous : "Soyez attentifs, soyez attentifs ! Ne tombez pas dans l’esprit du monde. Soyez attentifs ! Mais allez de l’avant ! Moi, Je serai avec vous”».
(Source Radio Vatican)