Sœur Isabelle REVERDY a prononcé ses vœux perpétuels le dimanche 19 avril 2009. Voici son témoignage :
Baptisée toute petite mais sans éducation chrétienne par la suite, j’ai grandi sans connaître Dieu. Dégoutée du christianisme avant même de l’avoir connu, du fait d’amis au collège qui vivaient leur foi sans conviction profonde, j’en suis venue à penser que rien n’avait de sens, nourrissant mon âme de tous les penseurs de l’absurde. Cependant, au lycée, d’autres lectures m’ont ouvert sur un monde inconnu, saturé de sens, je veux parler de Claudel, Bernanos, Dostoïevski…
Alors, ouvrant les Évangiles, je compris que rien ne pouvait surpasser le mystère de ce Dieu crucifié qui allait jusqu’à la mort pour nous signifier son amour. Aucune idéologie ne tenait devant cette folie et l’absurde était forcé de s’agenouiller devant ce trop grand mystère capable de changer la face du monde. Je me rendis à l’Amour déposant les armes de la dérision et de la rébellion. Lors d’une confession, pourtant si peu préparée, je fis l’expérience de l’infinie miséricorde du Père qui m’avait aimée durant toutes ces années d’errance. Cependant, n’ayant pas de fondements catéchétiques solides, je m’égarai à nouveau vers un Christ ésotérique (new âge), m’éloignant de l’orthodoxie de la foi.
C’est quelques années plus tard, vers la fin de mes études de philosophie, que lisant des livres relatant des apparitions de la Vierge et du Christ, mon cœur se retourna vraiment vers Dieu. J’ai alors fait de nombreux pèlerinages : à la Salette, au Laus, à Pellevoisin, à Medjugorge…, l’âme irradiée de la joie de la Vierge. Cette très douce Mère m’a ramenée avec beaucoup d’amour et d’élan vers l’Eglise et je goûtais la joie des sacrements : confession, eucharistie, confirmation. Je suis ensuite venue à Saint-Etienne pour mon travail en 1997 ( j’étais initialement des Monts du lyonnais) en tant que professeur de philosophie. Là, je connus le renouveau charismatique dans un groupe de prière, ce qui contribua à m’enraciner davantage dans une relation forte avec Jésus Vivant ! Puis, lors d’un séjour chez les sœurs de Bethléem, je sentis un appel fort à donner toute ma vie au Seigneur. Cependant, ce n’était pas dans cette communauté que le Seigneur m’appelait. Au cours d’un temps d’adoration chez les sœurs du Magnificat, il m’a semblé comprendre que le Seigneur me disait : « et pourquoi pas là ? ». Mon allégresse fut grande. Le discernement selon Saint Ignace confirma l’appel du Seigneur et je rejoignis la communauté en 1999. C’est une grande joie pour moi d’être dans cette communauté dont la vocation est profondément mariale. Nous désirons vivre une vie d’union à Marie, enracinées en son Fiat tout de simplicité et d’amour confiant, abandonnées à l’Esprit Saint pour nous laisser conduire soit au désert de l’intériorité (l’enracinement dans une vie de prière, de silence et d’écoute de la Parole de Dieu) soit vers nos frères qui ont soif de connaître Dieu (l’annonce du Royaume). Vivre de l’esprit du Magnificat, c’est vivre dès à présent, la béatitude de « celle qui a cru », qui permet la réalisation de la promesse de Dieu, promesse pour tous ceux qui accueilleront sa miséricorde. C’est aussi dans la foi et dans l’espérance, se tenir comme les « sentinelles de l’aurore », attendant le retour en gloire du Christ, dans l’action de grâce et dans la louange.
La grâce de la consécration des vierges, reçue ce 19 avril, veut aussi signifier ce désir de vivre du mystère de Marie, vierge, épouse et mère, à l’image de l’Eglise et en témoignage de ses épousailles avec le Christ, comme un signe prophétique du Royaume à venir.