Dans le sillage des moines-ermites évangélisateurs



De notre Chemin de vie :

Cette vocation de « veilleur » à laquelle le Maître t’appelle te situe dans le sillage des moines-ermites-évangélisateurs, assoiffés de solitude à la recherche du Dieu vivant, mais lancés sur les chemins, pressés par le zèle des foules à évangéliser, taraudés par la soif de leur salut et la compassion du bon pasteur, puis revenant sans cesse au désert, habités par le désir de Dieu. Revenant et repartant, toujours mus par un ardent unique amour de Dieu et des hommes.

La décision, jamais reprise, de ne rien refuser à Dieu était leur élan. L’Esprit était leur vie, ils agissaient par Lui. (Ga 5,25)

Cet appel apparemment écartelant, qui est aussi le tien, plantera parfois la croix au cœur de ta vie. Mais cette croix aimée, à cause de celle de Jésus, sera source de vie jaillissante et de joie purifiée pour toi et pour ceux pour qui tu as accepté de te quitter.

L’Esprit de vérité te donnera la croissance jusqu’à ce que soit unifié en toi dans l’amour ce double courant vers Dieu et vers les hommes.

 
Sise la plupart du temps en Centre-Ville, cette petite fraternité, ou Laure, connaît un rythme de vie semi-érémitique discrètement ouvert sur la ville. Les journées y sont enracinées dans la large plage de prière et de "lectio" du matin, prolongée par l'amour du silence monastique. Rien, en effet, n'est plus urgent que de connaître Dieu à travers ce qu'il nous en révèle, par la Bonne Nouvelle qui est parvenue jusqu'à nous. Rien n'est plus précieux que de L'écouter nous parler au coeur, de se laisser fiancer à Lui pour toujours, dans la justice et la miséricorde, dans la tendresse et la fidélité... (Os 2,16-21). Mais c'est aussi sa Parole qui à d'autres moments, t'enverra à tes frères. Respiration de l'amour que te confirmera la vie dans l'Esprit. 


S’il n’est pas nécessaire que ta vocation de type monastique se déroule en milieu clos, il est indispensable qu’elle soit nourrie par cette vie de prière monastique et par le désir de la vie cachée avec le Christ en Dieu (Col 3,3), dans le rayonnement de Marie. 



Que le ressort essentiel, et pour ainsi dire unique, de ta vie soit la recherche continuelle de Dieu, et de l’avènement de son règne, dans l’attente fervente du retour du Christ. Il n’est pas seulement l’Epoux qui vient, mais Il t’est donné comme Epoux par l’Eglise, à toi, dans ta petitesse (2 Co 11,2). Que ton désir ardent, et sans cesse renouvelé, L’aide à ouvrir ta vie à ce mystère d’épousailles.


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Nos amis moines-ermites évangélisateurs:




Saint Colomban : 

 Célèbre moine irlandais du 6ème siècle, ayant quitté son Irlande natale, devenu moine, traversant la mer, pour rejoindre la Bretagne. Retiré dans un ermitage, il est rejoint par des frères, pour qui il doit fonder un monastère, puis par des paysans qui demandent à être évangélisés. il se retire ensuite plus loin, mais le même scénario se reproduit plusieurs fois.

L'oraison de la messe de Saint Colomban nous dit bien ce double attachement unifié par la grâce :

"Seigneur, tu as merveilleusement réuni en saint Colomban le souci de l'évangélisation et l'attachement à la vie monastique; permets qu'à sa prière et comme lui, nous mettions toutes nos forces à rechercher ton seul amour et à faire grandir le peuple des croyants. Par J-C."


Saint Romuald:

Saint Romuald naît à Ravenne aux environs de 950 et meurt le 19 juin 1027. Père des camaldules, on a pu dire de lui qu'il était "le dernier des Pères du désert"; épris de vie solitaire, cet "ermite-prophète" comme le nomme le R.P Louis-Albert Lassus O.P., a fondé des monastères et relevé la vie érémitique. Le R.P dom Winfrid majeur des Ermites Camaldules de Monte Corona écrivait de lui: "Tout comme autrefois Antoine Le Grand, notre ermite de l'an 1000 fuit les hommes et en même temps les attire. Paradoxe qui s'explique par ce feu intérieur qui lui brûle le coeur, je veux dire l'Amour du Christ. C'est lui qui le pousse au désert à la rencontre de son Bien-Aimé, une rencontre qui plus tard, ne lui permet pas de demeurer caché. "Nous ne pouvons pas taire ce que nous avons vu et entendu." (Ac 4,20). Il faut toutefois noter que, pour Romuald, l'annonce de l'Amour peut très bien aller de pair avec "un continuel et inviolable silence", comme ce fut le cas à Sitrie où Romuald mena vie recluse pendant sept ans. "Si ses lèvres se taisent, c'est toute sa vie qui parle, mieux que jamais, pour tant de gens qui se convertissent", écrit St Pierre Damien, son premier biographe.
De lui, on disait : "Plus que jamais, son visage était rayonnant de la paix et de la joie de Dieu"



Saint Pierre Damien :    
 
St. Pierre-Damien naquit à Ravenne au XIème siècle (Italie). Grâce à un de ses frères, il put faire des études. Il choisit ensuite d'être moine-ermite et fut admis au prieuré camaldule de Font Avellana en Ombrie dont il devint Abbé.
Sa réputation s'amplifiant, il fut sollicité par plusieurs papes pour réformer l'Eglise et voyagea pendant 6 ans comme légat du pape. Il fut promu malgré lui cardinal évêque d'Ostie mais abandonna ses titres dès qu'il put pour retourner à Font Avellana dans son ermitage. 
"Une attention extrême à la volonté de Dieu, une humilité qui veille à servir l'Eglise sans négliger sa vocation monastique, une passion pour l'honneur de Dieu dans son Eglise: Saint Damien est resté un homme de l'Evangile(...) Il a laissé à leur place les honneurs ecclésiastiques et il a préféré ce qui, au fond de son coeur, était le trésor, à savoir sa vocation monastique."(Intro lectionnaire Emmaüs)

Dom Jean Leclercq a écrit à son sujet : "Sa vocation fut d'être, inséparablement, plein d'amour pour l'Eglise et épris du désert: entre ces deux attraits, il n'eut pas à choisir. Il savait, et il nous montra, qu'on peut les concilier: en lui, l'un fut toujours le complément de l'autre. Un même renoncement à soi-même et au monde, un même engagement total au service du Seigneur lui permirent d'être toute sa vie ermite et homme d'Eglise". 

L'oraison de sa messe:
"Accorde-nous, Dieu tout-puissant, de suivre les exemples et les exhortations du saint évêque Pierre Damien, afin que, sans rien préférer au Christ, et toujours attentifs à servir ton Eglise, nous parvenions aux joies de l'éternité. par J-C."




Saints Cyrille et Méthode

Épris de vie monastique, Cyrille et Méthode, deux frères de l'actuelle Salonique, furent cependant envoyés évangéliser les peuples slaves au IXème siècle (On leur doit la traduction de la Bible en langue paléoslave). Revenus à Rome pour rendre compte de leur mission, Cyrille eut juste le temps de prononcer ses voeux religieux et de revêtir l'habit monastique, avant de mourir le 14 février 869. Quant à Méthode, malgré son attrait pour la vie monastique (il l'avait expérimentée avant leur commune mission dans un monastère de la Sainte Montagne), il resta fidèle aux paroles que Cyrille lui avait dites sur son lit de mort:
 "Mon frère, nous avons partagé le même sort, conduisant la charrue dans le même sillon; à présent, je tombe dans le champ au terme de ma journée. Toi, je le sais, tu aimes beaucoup ta Montagne; mais n'abandonne pas la tâche d'enseignement pour retourner sur la Montagne. En vérité, où pourrais-tu mieux accomplir ton salut ?"
Alors il repartit au service de l'Eglise fondée dans les peuples slaves et se fit "tout à tous", consacrant ces dernières années à la traduction de livres liturgiques, des oeuvres des Pères de l'Eglise...



Saint Ephrem le Syrien: 
 
Ce grand Docteur naquit à Nisibe, en Mésopotamie, vers l’an 306. Ce précoce anachorète passait ses jours et ses nuits à méditer les Saintes Écritures tout en se livrant aux plus rudes exercices de la pénitence. Ordonné diacre par l’évêque de Nisibe, saint Ephrem fut chargé d’annoncer la parole de Dieu. Ses discours portaient la lumière et la conviction dans les âmes des fidèles qui accouraient l’entendre prêcher. Comme son détachement du monde le portait vers la solitude, il ne voulut quitter sa retraite que pour prêcher la parole de Dieu et exercer la charité envers les pauvres et les malades.  Au soir de sa vie, il s’enferma dans une cellule afin de se préparer au passage du temps à l’éternité. Sur ces entrefaites, la famine et la peste éclatèrent dans la ville. Aussitôt, l’homme de Dieu accourut pour combattre le double fléau. Il secourait nuit et jour les pauvres pestiférés et leur administrait les sacrements. En retournant dans sa cellule, saint Ephrem y emportait le germe d’une maladie mortelle. Il s’endormit du sommeil des bienheureux, le 18 juin 374.

Dom Leloir : "Il semble certain qu'Ephrem a considéré l'anachorétisme comme la forme la plus haute de la vie monastique, et il est fort possible qu'il en ait eu la nostalgie. Et cependant, pour lui, l'idéal monastique n'était pas incompatible avec la vie pastorale et apostolique: monachisme et monde s'opposent, dans sa pensée, comme deux conceptions différentes de la vie, mais sans requérir absolument du moine la fuite au désert. (...) Ephrem insiste moins sur les formes extérieures du monachisme que sur l'esprit qui doit les animer; on est moine, parce qu'on a fait le voeu de virginité et qu'on l'observe, parce qu'une proximité éventuelle du monde nous laisse pourtant à l'abri de son esprit, parce que même des rapports multiples avec les hommes n'empêchent pas l'unité du regard sur Dieu, le recueillement, la pondération, la gravité" (Doctrine et méthode de St. Ephrem)


Et beaucoup d'autres encore
- Que ce soit dans la tradition catholique: Saint Martin, Saint Boniface, Saint Aignan....
- Ou bien dans la tradition orthodoxe: Saint Nil Sorsky, Saint Séraphin de Sarov , le moine Païssios de la Sainte Montagne...