Pour cette nouvelle année 2018, que pourrions-nous nous souhaiter si ce n'est d'être totalement docile à la volonté du Père et de nous laisser guider par lui, selon son bon plaisir ? N'est-ce pas là le secret de la paix intérieure et de la joie qui en découle ?
Certes les évènements peuvent être difficiles, douloureux (et ce serait se faire illusion que de croire que "tout ira bien" en cette nouvelle année par la seule magie d'une année de plus) mais notre espérance est théologale et donc plus haute et plus forte que les illusions et les désillusions de ce monde. Et pour nous situer à ce niveau, le seul où nous ne saurions être déçus (Puisque , comme nous le rappelle St Paul: "l'espérance ne déçoit pas" Rom 5,5), il n'est pas de plus sûr moyen que de se livrer à l'Amour, dans un esprit d'enfance qui fait confiance, "qui croit tout, espère tout" (1 Co 13,7), tel un petit enfant abandonné sur le coeur de sa mère. Et non seulement nous serons heureux mais en plus nous marcherons sans même nous en apercevoir sur la route de la sainteté, laissant Dieu nous conduire là où il nous veut et comme il nous veut.
Docilité, docilité, docilité.... comme l'argile dans les mains du potier !
Docilité, docilité, docilité.... comme l'argile dans les mains du potier !
Monseigneur Charles Gay nous évoque avec bonheur ce saint abandon:
" Dans ce ciel des vertus
qui est le divin amour, il y a trois degrés, trois états de l’amour,
et, pour ainsi parler, trois cieux. Il y a l’amour pur et simple qui
aime Dieu par dessus toutes choses et le prochain pour l’amour de Dieu ;
au-dessus il y a l’amour qui souffre et qui aime à souffrir ; plus haut
enfin, il y a l’amour qui n’aime absolument plus rien, si ce n’est le
bon plaisir du bien-aimé, et qui, saintement indifférent à tout le
reste, s’abandonne tout entier à Dieu pour souffrir ou pour jouir, pour
vivre ou pour mourir, pour être quelque chose ou pour n’être rien… C’est
de ce troisième ciel qu’est parti Jésus-Christ. En effet, que dit-il en
faisant son entrée dans le monde ? « Me voici, je viens pour faire
votre volonté. » Quoi pourtant ! ne vient-il pas prêcher, travailler,
souffrir, mourir, vaincre l’enfer, fonder l’Eglise et sauver le monde
par sa croix ? Mais s’il veut tout cela, c’est que telle est l’éternelle
volonté de son Père. C’est cette volonté seule qui le touche et le
décide. Voyant tout le reste, c’est elle seule pourtant qu’il regarde ;
c’est d’elle seule qu’il parle, et d’elle seule qu’il prétend dépendre.(...) Il s’y pose donc, il s’y réduit, il
s’y enferme ; et faisant plus tard tant de choses, des choses si
relevées, si inouïes, si surhumaines, il ne fera jamais que cette chose
très simple, en laquelle nos petits enfants sont capables de l’imiter :
il fera la volonté du Père céleste, il s’y livrera sans réserve et y
vivra tout abandonné…
Nous parlons d’abandon...(...)
L’acte doux, plein, vivant, ineffable qu’il signifie, n’est-il pas en
effet (...) l’acte suprême, l’acte décisif de
l’amour ? S’abandonner, c’est plus que se donner. Jésus s’est donné dans
l’Incarnation ; il s’est abandonné dans sa Passion ; il reste abandonné
dans l’Eucharistie. Aussi la croix et l’autel (...) sont le dernier mot de l’amour de Jésus.
S’abandonner, c’est se renoncer, se quitter,
s’aliéner, se perdre, et tout ensemble se livrer sans mesure, sans
réserve, et presque sans regard, à celui qui doit posséder.
S’abandonner, c’est s’écouler. Vous savez ce que dit l’Epouse des
Cantiques : « Mon âme s’est liquéfiée, dès que mon bien-aimé a parlé. »
(Cant 5, 6) Ce qui est liquide n’a plus de forme par soi-même. La forme
d’une liqueur, c’est le vase qui la contient : mettez-la dans dix vases
différents, elle y prend dix formes différentes, et elle les prend dès
qu’elle y est versée. Telle est l’âme qui s’abandonne : elle fond en eau
sous la parole de Dieu (...).
…Dirai-je le dernier nom de ce bienheureux et
sublime état ? C’est la vie des enfants de Dieu, c’est la sainte enfance
spirituelle. Oh! que cela est parfait ! plus parfait que l’amour des
souffrances ; car rien n’immole tant l’homme que d’être sincèrement et
paisiblement petit. L’orgueil est le premier des péchés capitaux : c’est
le fond de toute concupiscence, et l’essence du venin que l’ancien
serpent a coulé dans le monde. L’esprit d’enfance le tue bien plus
sûrement que l’esprit de pénitence. L’homme se retrouve aisément quand
il lutte avec la douleur ; il peut s’y croire grand, et s’y admirer
lui-même ; s’il est vraiment enfant, l’amour-propre est désespéré.
L’âpre rocher du calvaire offre encore quelque pâture à la vanité ; si
dépouillé qu’il soit, c’est une montagne : à la crèche, tout le vieil
homme meurt forcément d’inanition. Or, pressez ce béni mystère de
Bethléem, pressez ce fruit de la sainte enfance, vous n’en ferez jamais
sortir que l’abandon.
Extrait du chapitre De l’Abandon, de De la Vie et des Vertus chrétiennes.
Saint François de Sales, pour nous faire comprendre tendrement ce qu'est l'abandon utilise l'image de Jésus abandonné dans les bras de sa très douce Mère:
"Si l'on eût demandé au doux Enfant Jésus, étant porté entre les bras de sa Mère, où il allait, n'eût-il pas eu raison de répondre: je ne vais pas, c'est ma Mère qui va pour moi ? (...) Et à qui Lui eût répliqué: Mais au moins vous voulez bien vous laisser porter à votre douce Mère ? - Non (...) mais comme ma toute bonne Mère marche pour moi, aussi elle veut pour moi; je lui laisse également le soin et d'aller pour moi et de vouloir aller pour moi où bon lui semblera; et comme je ne marche que par ses pas, aussi je ne veux que par son vouloir; et dès que je me trouve entre ses bras, je n'ai aucune attention ni à vouloir, ni à ne vouloir pas, laissant tout autre soin à ma Mère, hormis celui d'être sur son sein" (Traité de l'Amour de Dieu, Livre IX, ch 14).
"Si l'on eût demandé au doux Enfant Jésus, étant porté entre les bras de sa Mère, où il allait, n'eût-il pas eu raison de répondre: je ne vais pas, c'est ma Mère qui va pour moi ? (...) Et à qui Lui eût répliqué: Mais au moins vous voulez bien vous laisser porter à votre douce Mère ? - Non (...) mais comme ma toute bonne Mère marche pour moi, aussi elle veut pour moi; je lui laisse également le soin et d'aller pour moi et de vouloir aller pour moi où bon lui semblera; et comme je ne marche que par ses pas, aussi je ne veux que par son vouloir; et dès que je me trouve entre ses bras, je n'ai aucune attention ni à vouloir, ni à ne vouloir pas, laissant tout autre soin à ma Mère, hormis celui d'être sur son sein" (Traité de l'Amour de Dieu, Livre IX, ch 14).
Grâce de l'enfance spirituelle à mendier, toujours, jusqu'à ce qu'elle fasse sa demeure en nous, jusqu'à ce que l'Enfant Jésus lui-même établisse sa demeure en nous pour nous transformer en lui, à la louange de Gloire de notre Père du Ciel !
La petite Thérèse de l'Enfant Jésus l'avait bien compris quand elle répondait à ses soeurs qui lui demandaient ce que signifiait "rester petit enfant devant Dieu": "C'est reconnaître son néant, attendre tout du bon Dieu, comme un petit enfant attend tout de son père; c'est ne s'inquiéter de rien, ne point gagner de fortune. (...) Enfin, c'est ne point se décourager de ses fautes, car les enfants tombent souvent, mais ils sont trop petits pour se faire beaucoup de mal" ( Derniers entretiens)
Alors voilà mon souhait et mon vœu à nous tous pour cette nouvelle année: que nous rapetissions ! Que nous devenions assez petits pour vivre abandonnés à la volonté de notre très doux Père le laissant vouloir pour nous tout ce qu'il veut ! Et ce qu'il veut c'est tout sauf la mollesse ou une démission intérieure ! Il s'agit seulement d'écouter ce que l'Esprit Saint nous dit et d'entrer dans un profond assentiment du cœur et une profonde correspondance dans l'agir .... pour que surabonde la joie !
Bonne et sainte année à vous !
Sr Isabelle de le Mère de Dieu
Sr Isabelle de le Mère de Dieu