dimanche 17 mars 2013

La Pâque ou l’histoire du grain de blé qui devient épi




Un petit grain de blé est parfaitement heureux dans son grenier : au sec, dans un environnement amical dans lequel il se sent bien. On peut transposer cela au bonheur de l'homme, heureux en famille, heureux dans son travail, sans soucis aucun. La vie est facile. Il ne faut pas mépriser ce bonheur-là, mais c'est un petit bonheur en regard de ce que nous devons être pour l'éternité.
On imagine ce petit grain de blé très pieux : il remercie Dieu pour ce bonheur et le prie pour que cela dure toujours. Il a raison de remercier Dieu. Mais attention : il ne faudrait pas que ce grain de blé s'adresse à un Dieu qui n'existe pas ! Or un Dieu qui ne serait que l'auteur et le garant du petit bonheur du grain de blé dans un grenier, même si ce bonheur est légitime, ce Dieu-là n'existe pas.
Un jour, on charge le tas de blé dans une charrette et on sort dans la campagne. Il fait beau, le ciel est bleu, il y a les arbres et les fleurs, la nature est en fête. Le grain de blé  remercie encore plus Dieu pour toutes ces belles choses. Il a raison de le remercier pour toutes ces belles choses qui sont ici-bas. Mais il est toujours un grain de blé : un Dieu qui maintiendrait un grain de blé dans un grenier, sans aucune espèce de fécondité, ce Dieu-là n'existe pas.



On arrive sur la terre fraîche. On verse le tas de blé. La terre est humide, la sensation de fraîcheur est agréable. Il est heureux. Mais voilà qu'on enfonce le grain de blé dans la terre. Il ne voit plus rien, n'entend plus rien, l'humidité le pénètre. Le grain de blé, qui par la mort inévitable, est en train de devenir ce qu'il doit être, c'est-à-dire un bel épi, regrette le temps de son grenier. Et il dit ce que se disent des millions de personne : si Dieu existait, de telles choses ne se passeraient pas. C'est dommage car c'est précisément là qu'il s'agit du vrai Dieu. Le seul Dieu qui existe est celui qui nous fait croître, passer d'une condition simplement humaine à une condition d'homme divinisé.


Van Gogh: Champ de blé et cyprès

Telle est l'histoire de tout homme et de toute femme : il n'y a pas de croissance sans transformation, de transformation sans mort et sans nouvelle naissance. Ces transformations se retrouvent dans le mot Pâque, qui signifie "passage".
(Cette parabole sur l'histoire du grain de blé (reprise par François Varillon) a été écrite par un auteur danois, Joergensen, qui a pris comme point de départ les paroles de Jésus que l'on trouve dans St Jean, au chapitre 12, verset 24).