Chers amis,
C’est un peu tardivement que nous venons vous souhaiter une bonne et sainte année 2015 !
in extremis, n’est-ce pas ? le cœur y était depuis Noël mais c’est le
temps qui a manqué.
Cela donne l’impression d’être un peu en porte-à-faux de se
souhaiter une bonne année alors que notre pays a été meurtri et ensanglanté…
Que pouvons-nous donc nous souhaiter de bon dans un tel contexte ?
Souhaiter que cela ne se reproduise pas ? bien sûr mais si c’est pour
pouvoir se rendormir et assouvir notre seul désir de tranquillité, c’est un peu
court !
Nous vous souhaitons plutôt la paix, oui, celle que le Christ nous donne (Jn 14,27) et qui nous fera traverser toutes choses sans effroi, panique ou désespoir ; nous vous souhaitons non pas tant l’espoir d’un peu de répits, de lendemains hypothétiquement meilleurs mais l’espérance, celle qui ne déçoit pas et qui nous fait « rechercher les réalités d’en haut » (Col 3,1) ; et surtout nous vous souhaitons la joie, celle qui ne dépend pas des circonstances mais trouve la source de son jaillissement dans l’intimité avec Dieu. Marthe Robin, que l’Eglise vient de déclarer vénérable, disait que « la joie, c’est la disposition radieuse de l’âme tournée vers son Dieu ». Joie profonde qui trouve sa source dans la confiance en la bonté éternelle de Dieu et qui nous permet de marcher sur les eaux tumultueuses qui menacent de tout engloutir.
Alors "enracinés et fondés en Christ, affermis dans la foi" (Col 2,7), nous pourrons envisager les choses autrement, ne pas céder à l’accablement ni à l’esprit de vengeance, nous souvenant que « La seule peur que nous devons avoir est celle d'être coupé de Dieu » (Bx Jerzy Popieluszko) et que « Le courage ne s'appuie pas sur le fer, mais sur le coeur... » (id). J’aime tant, en ces temps, me rappeler ces paroles du Bienheureux Père Popieluszko (prêtre polonais au temps où la Pologne était sous le joug communiste) et d’autres, si actuelles : « Afin de vaincre la mal par le bien il nous faut recourir à la vertu de courage » ; Face au péril rouge mortifère et meurtrier, il rappelait, dans ses homélies, à la foule qui venait assister à ses messes pour la patrie : « ... N'utilisez pas la violence pour lutter. Ceux qui n'ont pas réussi à vaincre avec le coeur et avec la raison, s'efforceront de gagner par la violence. (Mais c’est) Par la Croix (que) nous irons à la Résurrection, à la victoire. Il n'y a pas d'autre chemin ». Et ses dernières paroles quelques heures avant son martyre : « Prions, pour que nous soyons libérés de la peur, de l’intimidation, mais surtout de l’envie de vengeance et de violence ». Il savait qu’il prenait des risques en s’opposant au régime communiste, mais il ne pouvait taire son désir de la dignité de tous -« Mon cri était celui de ma patrie »- et surtout il luttait au nom du Christ et avec les armes du Christ (c’est ce qui en fait un vrai martyr) : « Mon arme c'est la vérité et l'amour ». Oui c’était un combat pour la liberté, mais la vraie liberté, non pas une liberté dévoyée devenue idole à encenser et fer de lance de toutes les pseudo-valeurs nihilistes, non pas une liberté méchante et bête utilisant l’insulte et le mépris pour humilier ceux avec qui on n’est pas d’accord. Le Bx Père Jerzy Popieluszko n’a jamais voulu prendre d’autres armes que les armes de l’amour qui respecte et de la vérité qui édifie pour défendre la liberté de conscience, la liberté de parole, liberté qui n’est pas un absolu mais un moyen au service d’une finalité plus haute : l’amour et le service de la gloire de Dieu. Et oui, nous ne sommes pas libres pour être libres mais nous sommes libres pour aimer Dieu et nos frères! Et ainsi l’amour devient la mesure éthique de notre liberté.
En ces temps où nous appelons la paix de nos vœux, il n’est
pas inutile non plus de se rappeler que les guerres barbares peuvent trouver
leur matrice dans nos propres barbaries aseptisées, dans nos propres démissions
face à la défense de la dignité de chaque personne de sa conception à sa mort
naturelle, dans notre impiété et notre impénitence aussi… Quand on tue l’enfant
à naître ou l’handicapé et le vieillard, on a déjà instauré un régime de
violence… et alors on finit par récolter ce que l’on sème… comme le rappelait
la Bse Mère Térésa à l’ONU : « Le plus grand destructeur de la paix,
aujourd'hui, est le crime commis contre l'innocent enfant à naître. Si une mère
peut tuer son propre enfant, dans son propre sein, qu'est-ce qui nous empêche,
à vous et à moi, de nous entretuer les uns les autres ? »
Seigneur, fais de moi un instrument de ta paix,
Là où est la haine, que je mette l’amour.
Là où est l’offense, que je mette le pardon.
Là où est la discorde, que je mette l’union.
Là où est l’erreur, que je mette la vérité.
Là où est le doute, que je mette la foi.
Là où est le désespoir, que je mette l'espérance.
Là où sont les ténèbres, que je mette la lumière.
Là où est la tristesse, que je mette la joie.
Là où est la haine, que je mette l’amour.
Là où est l’offense, que je mette le pardon.
Là où est la discorde, que je mette l’union.
Là où est l’erreur, que je mette la vérité.
Là où est le doute, que je mette la foi.
Là où est le désespoir, que je mette l'espérance.
Là où sont les ténèbres, que je mette la lumière.
Là où est la tristesse, que je mette la joie.
O Seigneur, que je ne cherche pas tant à
être consolé qu’à consoler,
à être compris qu’à comprendre,
à être aimé qu’à aimer.
Car c’est en se donnant qu’on reçoit,
c’est en s’oubliant qu’on se retrouve,
c’est en pardonnant qu’on est pardonné,
c’est en mourant qu’on ressuscite à l’éternelle vie.
être consolé qu’à consoler,
à être compris qu’à comprendre,
à être aimé qu’à aimer.
Car c’est en se donnant qu’on reçoit,
c’est en s’oubliant qu’on se retrouve,
c’est en pardonnant qu’on est pardonné,
c’est en mourant qu’on ressuscite à l’éternelle vie.
Sr Isabelle de la Mère de Dieu
Voeux écrits à la mi-janvier mais posté in extremis le 31 ! 1000 excuses pour le retard !