dimanche 6 octobre 2019

Marie, modèle de l'évangélisation


Magnificat !

Chers amis,
 
En cette année 2019, nous cheminons avec notre diocèse, à la suite de notre Saint Patron Etienne, sur la route de la mission, de l’annonce de Jésus Christ, manifestation de la tendresse du Père pour tous les hommes. Certes, nous pouvons prier ardemment pour que nous annoncions Celui qui est la Voie, la Vérité et la Vie comme Saint Etienne, en étant « remplis de grâce et de puissance (et en) opérant de grands prodiges et des signes parmi le peuple » (Actes 6,8) ! Dieu peut susciter encore aujourd’hui des ʺSaint Etienneʺ et des ʺSaint Paulʺ ! 

Cependant si cela nous semble hors de portée (et de fait ce n’est pas nous qui pouvons nous envoyer nous-mêmes pour une telle mission, c’est l’Esprit Saint qui le fera) il nous reste à contempler, comme premier modèle de l’évangélisation, Marie. En effet, avant d’annoncer la Parole il faut la recevoir dans un cœur qui écoute et Marie est le modèle du cœur qui écoute, elle s’est faite toute enseignable afin d’apprendre tout du Verbe fait chair en elle, elle s’est mise à l’école de son Cœur aimant, de sa Sagesse éternelle pétrie d’humilité et de fidélité au Père, elle a fait sienne ses sentiments de pasteur bouleversé par l’égarement et la perte des brebis esseulées. Elle s’est laissée transformer par Celui qu’elle aimait plus que tout jusqu’à devenir sa ressemblance, en même temps que son temple. Sans cette union au Bien-Aimé qu’aurait-elle pu annoncer ? C’est à l’intime du cœur que naît l’élan de l’évangélisation et, avant d’être parole, il est habitation. Marie, par son Fiat, a laissé Jésus faire sa demeure en elle de telle sorte qu’elle n’annonce jamais que lui ; Elle est ce silence qui porte la Parole, cette transparence qui laisse voir Celui qui est plus grand qu’elle et qui veut rayonner à travers elle. Et ainsi nous apprenons de Marie que la mission est d’abord affaire d’intériorité, transformation de soi par et en Dieu, manifestation du trésor intérieur qu’on porte comme en de pauvres vases d’argiles pour le donner humblement au monde. 

Certes l’évangélisation est parole aussi, mais cette parole ne portera du fruit que dans l’enracinement du recueillement et de la prière. Marie a parlé, lors de sa visite chez Élisabeth, et sa parole s’est faite chant et louange car ce qui sort de la bouche est ce qui déborde du cœur. Et le cœur de Marie débordait d’une telle gratitude, d’un tel émerveillement qu’elle n’a pu que proclamer les merveilles du Seigneur qui « se souvient de sa miséricorde, élève les humbles, comble les affamés » (Magnificat) et visite son peuple pour le sauver de ses égarements. Sa parole est prière, louange, exaltation du Dieu Très-Haut, annonce des hauts faits de Dieu ; Sa parole est évangélisation dans la puissance de l’Esprit d’amour qui la porte et la comble de joie surnaturelle. Car n’est-ce pas la joie que nous avons à annoncer ? Jésus n’est-il pas la joie pure, celle que personne ne pourra nous ravir au milieu de « cette vallée de larmes » ?! Celle qui nous rend rayonnant de sa Lumière ? Car Jésus n’est pas seulement « la Voie, la vérité et la Vie », il est « la lumière du monde ». Marie portait la Parole, Marie portait la Lumière et elle en était toute rayonnante. Fécondité immense du Oui de Marie qui engendre Dieu en ce monde et qui le donne à voir ! Et en cela Marie est l’étoile de la Nouvelle Evangélisation, celle qui montre à l’Eglise et à chacun de nous la route de l’annonce joyeuse du Christ Sauveur. Cette annonce trouve sa source en un accueil (celui de la grâce, celui du Verbe incarné…) et sa modalité d’expression en un rayonnement : Marie aurait pu dire avec Sainte Elisabeth de la Trinité :
« 
Ô mon Christ aimé crucifié par amour, je voudrais être une épouse pour votre cœur; je voudrais vous couvrir de gloire, je voudrais vous aimer...jusqu'à en mourir! Mais je sens mon impuissance et je Vous demande de me revêtir de Vous-même, d'identifier mon âme à tous les mouvements de votre Âme; de me submerger, de m'envahir, de Vous substituer à moi, afin que ma vie ne soit qu'un rayonnement de votre Vie. »

Je ne résiste pas à la joie de vous partager cette autre prière admirable d’un grand amant du Christ, qui, par sa science de Dieu et son amour des âmes, a porté tant de beaux fruits dans l’Eglise : le Cardinal Newman. Lui aussi percevait combien le plus important était ce rayonnement de la lumière et de la charité du Christ en lui et à travers lui, car il ne voulait rien donner de lui aux âmes mais tout de Dieu, comme tous les saints. Devenir ce plus petit qui porte le plus grand, devenir cette transparence qui donne à voir l’invisible du monde surnaturel, devenir ce tabernacle saint où les hommes puissent venir puiser la manne céleste, la présence même du Dieu vivant demeurant dans le cœur d’un homme. C’est là notre vocation à tous…. Laissons les mots du Cardinal Newman nous façonner à l’intime du cœur :
« 
O mon Dieu (…) c’est toi que je veux (…) Brille sur moi O Feu toujours ardent et jamais déficient et je commencerai, à travers et dans ta Lumière, à voir la Lumière, et à te reconnaître véritablement comme la Source de la Lumière (…). Demeure avec moi, et je commencerai alors à briller comme toi tu brilles : à briller de manière à être une lumière pour les autres. La lumière, O Jésus, émanera entièrement de toi. Nul rayon, nul mérite ne sera mien. C’est toi qui rayonneras, à travers moi, sur les autres. Oh laisse-moi te louer ainsi, de la manière que tu préfères, en rayonnant sur tous ceux qui m’entourent. Illumine-les en même temps que moi ; illumine-les avec moi, à travers moi. Apprends-moi à montrer aux autres ta louange, ta vérité, ta volonté. Fais que je prêche sans prêcher, non en paroles, mais par l’exemple et par la force contagieuse, par l’influence sympathique de mes actes, par ma ressemblance visible à tes saints, et par la plénitude évidente de l’amour que te porte mon cœur ». 
Amen ? Amen !!! 

 Sr Isabelle de la Mère de Dieu