2ème dimanche de carême
Chers amis,
Je lisais l’autre jour un article sur
les « 7 fléaux qui frappent le monde en même temps » (il y était
question évidemment du coronavirus mais aussi des invasions historiques et
dévastatrices des sauterelles en Afrique, du feu puis des inondations en
Australie, la résurgence de pandémies
animales majeures etc). Ce qui est
étonnant c’est que le site dont il était question n’avait rien de chrétien (ni
d’ésotérico-apocalyptique !). Or comment ne pas penser, quand on entend
parler de « 7 fléaux », au livre de l’Apocalypse, chapitre
15,6 ? « Au ciel s’ouvrit le Temple, la Tente du Témoignage, d’où
sortirent les 7 Anges aux 7 fléaux… » pour châtier la terre entière et ses
habitants dévoyés. Certes, si on reste scotché sur nos écrans ou à l’écoute
continuelle de la radio pour guetter avec curiosité malsaine ou crainte les derniers
morts, on risque fort de ne voir que… la mort précisément.
Est-ce que c’est ce que nous demande
le Seigneur en ce temps béni du carême ? Ne veut-il pas plutôt nous
inviter à une conversion du regard, une purification de l’œil de notre
cœur ? « Puisque te voilà tiède, ni chaud ni froid, je vais te vomir
de ma bouche. Tu t’imagines : me voilà riche, (…) je n’ai besoin de
rien ; mais tu ne le vois donc pas :
c’est toi qui es malheureux, pitoyable, pauvre, aveugle et nu ! Aussi suis
donc mon conseil : achète chez moi (…) un
collyre pour t’en oindre les yeux et recouvrer la vue. Ceux que j’aime je
les semonce et les corrige » (Ap 3,16-19).
Et cette bienheureuse et salutaire
purification de l’œil nous permettra peut-être de voir que si le ciel s’est
ouvert pour laisser sortir les 7 Anges des 7 fléaux, il s’est déjà ouvert
auparavant pour laisser apparaître la Reine des Anges, la Vierge, qui combat le
dragon rouge : « Alors s’ouvrit le Temple de Dieu, dans la ciel, et
son arche d’alliance apparut, dans la temple…. Un signe grandiose : Une
Femme ! Le soleil l’enveloppe et la lune est sous ses pieds et 12 étoiles
couronnent sa tête » (Ap 11,19-12,1).
Du même Temple de Dieu sortent donc la consolation, la libération ou les fléaux comme châtiment, autrement dit les deux faces de la miséricorde de Dieu qui veut consoler et encourager les bons et ramener à la vie ceux qui font le mal et qui risquent la mort éternelle (car Dieu ne veut pas la mort de quiconque mais que « tous les hommes soient sauvés » 1 Tim 2,4). Le collyre dont nos yeux ont besoin c’est une guérison de notre perception : que nous ne soyons pas borgnes en ne voyant qu’un aspect de la réalité. Il nous faut entrer dans une juste connaissance de soi et reconnaître humblement notre nudité et notre pauvreté (nous sommes incapables de tout bien par nos seules forces et nous méritons certainement une juste admonition paternelle : « Allons ! Un peu d’ardeur, et repens-toi ! » Ap 3,19)) et en même temps, le salut est toujours proposé, tout ce qui arrive est en vue d’un bien supérieur sinon le Seigneur ne le permettrait pas : « Ne crains point, petit troupeau; car votre Père a trouvé bon de vous donner le royaume » (Lc 12,32).
Du même Temple de Dieu sortent donc la consolation, la libération ou les fléaux comme châtiment, autrement dit les deux faces de la miséricorde de Dieu qui veut consoler et encourager les bons et ramener à la vie ceux qui font le mal et qui risquent la mort éternelle (car Dieu ne veut pas la mort de quiconque mais que « tous les hommes soient sauvés » 1 Tim 2,4). Le collyre dont nos yeux ont besoin c’est une guérison de notre perception : que nous ne soyons pas borgnes en ne voyant qu’un aspect de la réalité. Il nous faut entrer dans une juste connaissance de soi et reconnaître humblement notre nudité et notre pauvreté (nous sommes incapables de tout bien par nos seules forces et nous méritons certainement une juste admonition paternelle : « Allons ! Un peu d’ardeur, et repens-toi ! » Ap 3,19)) et en même temps, le salut est toujours proposé, tout ce qui arrive est en vue d’un bien supérieur sinon le Seigneur ne le permettrait pas : « Ne crains point, petit troupeau; car votre Père a trouvé bon de vous donner le royaume » (Lc 12,32).
Souvenons-nous aussi des apparitions à
Fatima et notamment celle du 13 juillet 1917 : Lucie raconte ce qu’ils ont
vu : « nous avons vu sur le côté gauche de Notre Dame, un peu plus en
hauteur, un Ange avec une épée de feu dans la main gauche ; elle scintillait et
émettait des flammes qui, semblait-il, devaient incendier le monde; mais elles
s’éteignaient au contact de la splendeur qui émanait de la main droite de Notre
Dame en direction de lui ; l’Ange, indiquant la terre avec sa main droite,
dit d’une voix forte : « Pénitence ! Pénitence! Pénitence ! » ».
La Femme revêtue du soleil a une si grande puissance qu’elle peut éteindre les
flammes de l’épée de feu de l’Ange… et donc aussi éteindre les fléaux confiés
aux 7 Anges de l’Apocalypse…. Elle peut le faire mais elle a besoin de notre
prière et de notre pénitence. Nous pourrions nous laisser aller à une sorte de
fatalisme et de désespérance en nous laissant hypnotiser par le grand spectacle
du mal, mais cela aussi est une ruse du démon pour nous paralyser dans le
combat spirituel. Or non seulement nous ne sommes pas impuissants puisque la
pénitence peut obtenir l’arrêt des fléaux mais en plus nous savons l’issue de
ce combat spirituel : « A la fin, mon Cœur Immaculé
triomphera ! » a promis la Vierge. Les enfants de Fatima, habités par
cette espérance, n’en aidaient pas moins la Vierge en redisant prosternés à
terre les paroles suggérées par l’ange : « Mon Dieu, je crois, j'adore, j'espère et je Vous aime. Je Vous demande
pardon pour ceux qui ne croient pas, n'adorent pas, n'espèrent pas et ne Vous
aiment pas. »
Il me semble donc que la part qui nous
est demandée, en ce temps du Carême, c’est de tourner notre regard vers le
Seigneur précisément, de prendre du temps pour le regarder Lui plutôt que les
nouvelles du monde et, dans ce regard sur Lui, nos yeux seront guéris de la
cataracte de la peur et de l’incrédulité. L’exemple de Pierre rejoignant Jésus
sur les eaux du lac déchainé est un enseignement pour nous : la tempête
fait rage, les flots se soulèvent, le vent menace la barque et la vie des
apôtres mais Pierre dit au Maître : « « Si c’est bien toi,
ordonne-moi de venir à toi sur les eaux » « Viens », dit Jésus.
Et Pierre, descendant de la barque, se mit à marcher sur les eaux et vint vers
Jésus. Mais voyant le vent, il prit
peur et, commençant à couler, il s’écria « Seigneur
sauve-moi ! » Aussitôt Jésus tendit la main et le saisit, en lui
disant : « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu
douté ? » »(Mt 14,28-31). Là aussi, Pierre est devenu
borgne : au lieu de regarder le
Seigneur, il a vu le vent, il n’a
plus regardé que le mal et le danger et ainsi : « il prit peur et
commença à couler ». Dès que nous devenons borgnes, dès que nous ne
regardons plus le Seigneur (et cela suppose l’adoration, la méditation de sa
Parole…), nous sommes pris par l’unique vision du mal et nous coulons…
« Homme de peu de foi pourquoi as-tu douté ? » nous dit Jésus.
Nous retrouvons la même problématique après la résurrection : les pèlerins
d’Emmaüs n’ont vu que la mort de Jésus et ils restent dans leur détresse, le
«visage sombre ». Alors Jésus, voilé à leurs yeux incrédules, les
enseigne : « O cœurs sans intelligence, lents à croire à tout ce
qu’ont annoncé les Prophètes ! Ne fallait-il pas que le Christ endurât ces
souffrances pour entrer dans sa gloire ? ». Mais c’est seulement à la
fraction du pain eucharistique que « leurs
yeux s’ouvrirent et ils le reconnurent »
(Lc 24,31) car alors, ayant lavé leurs yeux incrédules avec le collyre de la
foi, ils virent la gloire du crucifié et, remplis de joie, ils retournèrent à
Jérusalem annoncer la résurrection du Seigneur.
En ce temps béni du Carême, purifie notre regard, Seigneur, avec le collyre de la foi et de l’adoration, donne nous de vaincre l’opacité des évènements. Alors nous t’apercevrons qui nous fais signe et nous pourrons te suivre, fidèles disciples, partout où tu iras.
Sr Isabelle
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